En 2004, un tribunal de Mbandaka, dans la province congolaise de l’Equateur, a décidé que le statut de la Cour pénale internationale (CPI) répondait mieux que le code militaire congolais au cas qui lui était soumis. Cette décision a déclenché une avalanche d’autres décisions dans lesquelles, au cours des dix dernières années, les juges militaires à travers le pays ont systématiquement et délibérément écarté le code pénal militaire congolais auquel ils ont préféré les dispositions du Statut de Rome. L’importante jurisprudence née de ce mouvement compte parmi les expériences les plus innovantes d’application du statut de la CPI aux poursuites nationales des crimes graves.
Dans quelle mesure la jurisprudence congolaise s’aligne-t-elle sur celle des tribunaux pénaux internationaux, et tout particulièrement, sur celle de la Cour pénale internationale (CPI) dont les juridictions congolaises ont directement appliqué le Statut ? Dans quelle mesure la répression des crimes graves par les tribunaux congolais respecte-t-elle les normes relatives au procès équitable des personnes accusées? Plus particulièrement, quelle est la place des victimes dans cette répression?
C’est à ces questions que cette étude tente de répondre à partir de l’analyse critique d’une trentaine de décisions par lesquelles les juges congolais ont fait application directe du statut de Rome aux cas de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui leur étaient déférés.